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Renard et poules – 1, après le Moyen Age


 

En prolongement, voici des mentions du jeu après le Moyen Age :

 

 

Le jeu va évoluer en Europe au XVIe siècle vers une pratique sur échiquier2 [2] (voir le journal du jeune Louis XIII) qui correspond à la grande mode pour les dames, les poules sont alors 12 et occupent les cases blanches de 3 lignes, contre un renard. Cela limite les déplacements du chasseur. (3 diagrammes dans un manuscrit XVIe s., B.M. de Pérouse, Italie ; France,3 [3] à 1 renard contre 12 poules. Il précise que pour les poules, il est encore possible de bloquer le renard même une fois réduites à 9. C’est pour cela que certains ajoutent un deuxième renard ; les deux renards devant se déplacer alternativement. Par ailleurs, il peut y avoir 13 à 16 poules, ce qui revient au manuscrit italien. )

Schéma d’un plateau rencontré 6 fois en Italie par Marisa Uberti

 

Cette évolution semble cohérente avec un tracé présenté par Marisa Uberti dans son recensement des graffiti de marelles. 3 exemplaires relevés en Italie à Colonnata, Collodi Castello et Zogno.4 [4] On a pu y jouer à 12 contre 1 au Renard.

 




Parallèlement à ces essais, le jeu perdure sur un plateau en croix.


Une autre évolution parallèle, est la limitation du déplacement des poules qui semble avoir coïncidé  avec l’augmentation de leur nombre. D’abord deux de plus pour atteindre 15 et encore deux pour faire 175 [5]

 

Tracé du jeu vénitien XVIe s. d’après Murray, 1951

 

Selon Murray, la limitation progressive des déplacements diagonaux va conduire à la suppression des diagonales sur certains plateaux. Renard et oies s’y déplacent orthogonalement. Les oies ne peuvent aller qu’en avant et sur les côtés.

 

« Puis tout lordement grignotant d’un transon de graces, se lavoit les mains de vin frais, s’escuroit les dens avec un pied de porc et devisoit joyeusement avec ses gens; puis, le verd estendu, l’on desployoit force chartes, force dez et renfort de tabliers. Là jouoyt: […]à la mourre, aux eschetz, au renard, au marelles … »  (source Jocari.be [7])

 » AVRIL 1606. Le 11, mardi. — Mme de Vitry lui donne des poules et un renard d’ivoire.  »

 » DECEMBRE 1606   Le 4, lundi. — M. d’Arquien le vient voir, revenant de Metz. Il joue aux poules pour enfermer le renard, avec patience et froideur, demande : Doundoun, que faut-il jouer? et chante en jouant comme une grande personne qui ne laisse pas de regarder et de considérer son jeu (…) »

 » ANNÉE 1607,[Janvier] Le 4, jeudi. — M. le baron de la Châtre le vient voir, allant à la Cour. Après souper il joue aux poules et au renard contre M. de Belmont. En jouant M. le Chevalier appelle M. de Belmont son lieutenant. Il le regarde en colère, songe, puis le veut frapper, lui veut jeter les poules qu’il ramasse, puis l’échiquier. M. de Belmont, qui étoit lieutenant de M. de Mansan, lui dit : « Monsieur, pourquoi voulez- vous le frapper? » — C’est parce qu’il vous a appelé son lieutenant, et vous êtes à moi. — « Mais, Monsieur, il ne le faut pas battre pour cela. » — Ho ! mais c’est qu’il veut tout ! .  »
Journal de Jean Héroard sur l’enfance et la jeunesse de Louix XIII (1601-1628) : extrait des manuscrits originaux, Paris, Librairie de Firmin Didot Frères, Fils et Cie, 1868, t. I, p. 183, 231 et 240.

 

Fortune ici bas tourne-boule

Tourne choses parle hasard

Par fois, le Renard prend la Poule

La Poule par fois le Renard.

 

 

 

 

 

 

 


Fiche réalisée par l’association  Aisling-1198 ;

contact : aisling – neuf.fr

(remplacer le – par @)


Notes:

  1. ENDREI Walter, ZOLNAY Laszlo, Fun and games in old Europe, Corvina, 1986/1988, photo p. 70 [ [21]]
  2. MURRAY Harold James Ruthven, A history of board-game other than chess, Oxford University Press, Clarendon, 1951, pp. 98-99 d’après Culin [ [22]]
  3. Pierre MALLET (1668) mentionné par H.J.R. Murray, 1951, p. 105-106 et PARLETT David, The Oxford History of Board Games, Oxford University Press, 1999, pp. 189-190 [ [23]]
  4. Pour plus d’informations, voir UBERTI Marisa, The Merels board Enigma, with the worldwide census, publié à compte d’auteur, traduit de l’italien par Gianluca Toro, 2012,existe aussi en version numérique. Les 3 plateaux en question se trouvent pp. 288-290 [ [24]]
  5. Source et schéma : H.J.R. Murray, 1951, op. cit., p 102 [ [25]]
  6. Source et schéma : H.J.R. Murray, 1951, op. cit., p 105. [ [26]]
  7. MURRAY Harold James Ruthven, 1951, op. cit., p. 102 [ [27]]
  8. source Jocari.be [28] et LHOTE Jean-Marie, Histoire des jeux de société et Dictionnaire des jeux, Flammarion, 1994, p. 596 et 391 [ [29]]
  9. Source Jocari.be [30] et MURRAY H. J. R., 1951, op. cit., p 103 [ [31]]
  10. MURRAY Harold James Ruthven, 1951, op. cit., p 103 [ [32]]
  11. PARLETT David, 1999, pp. 190-191 [ [33]]
  12. MURRAY Harold James Ruthven, 1951, op. cit., p 103 [ [34]]
  13. MURRAY Harold James Ruthven, 1951, op. cit., p 104 [ [35]]
  14. MURRAY Harold James Ruthven, 1951, op. cit., p 104 [ [36]]
  15. LHOTE Jean-Marie, 1994, p. 391 et 393 [ [37]]
  16. LHOTE Jean-Marie, 1994, p. 391 [ [38]]
  17. PARLETT David, 1999, op. cit., pp. 191-192 [ [39]]
[40] [41]