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Mais d’où ça sort…


Les façons dont les pièces et plateaux de jeux médiévaux ont fait irruption dans l’histoire des jeux sont très variées et méritent une page…


A vos pelles…

En 1903, c’est en creusant dans une ferme qu’un roi d’échec figuratif fut découvert à Tjøme, en Norvège (Lund 2014:277).


Au feu !

En 1955, l’incendie du quartier ancien de Bryggen à Bergen en Norvège a permis de fouiller cette partie de la ville avant de reconstruire. De là proviennent l’essentiel des 1108 pièces de jeux de Bergen (Lund 2010). Les différents incendies de la ville, dont un en 1170-1 et un en 1198, ont permis de dater chaque pièce en fonction de sa strate.


Fondations d’une batterie Nazie :

En juillet 1942, le fort côtier HKB Marka est en plein travaux. Alors qu’ils creusaient pour les fondations d’une batterie sur le tumulus funéraire de Grønhaug, les ouvriers trouvèrent une riche tombe de l’âge Viking (793-1066). Ernst Sprockhoff a ensuite été affecté à Lista et a entendu parlé de la découverte. Professeur d’archéologie, spécialiste de l’Age du bronze et expert européen de la préhistoire, il faisait partie de l’organisation Anhenerbe qui cherchait à justicier l’existence, en Allemagne ou en Scandinavie, d’une race ayant dirigé le monde. Elle recherchait aussi comment ces peuples avaient pu influencer la culture matérielle de leurs voisins.

Ernst Sprockhoff fut autorisé à faire une simple fouille archéologique sur ce qui restait du tumulus. Les objets qu’il sauva montrèrent la présence d’un homme et d’une femme enterrés ensemble à Grønhaug à la fin du IXe siècle. L’homme avait été inhumé avec une riche épée et plusieurs outils de forge. La femme avait été équipée d’un grand chaudron celtique en bronze avec des suspensions en argent, rivets à tête d’or (37cm) et une poêle de fer.

L’excavation pour la batterie était tombée sur la partie de la femme, ce qui explique que son équipement paraît incomplet au regard des biens somptueux associés à l’homme. La sépulture de Grønhaug est une des plus riches de la région d’Agder. Le grand nombre d’armes (une épée, deux ou trois haches, deux lances et deux boucliers), les pièces de jeux (3 pièces en os) et les outils de forgeron indiquent des membres de l’aristocratie côtière de la période Viking. Peu après les fouilles, Sprockhoff a transmis les éléments de Grønhaug au Musée des Antiquités de l’Université d’Oslo. Ces pièces furent présentées au public pour la première fois en 2009.1 [1]


Adjugé !

Des pièces d’échecs et cartes à jouer sont parfois vendues aux enchères par des collectionneurs et achetées par d’autres collectionneurs, parfois les musées.2 [2]

Exemple de deux cartes à jouer italiennes du XVe s. vendues 3 100 € entre collectionneurs en 2009, dont heureusement, l’étude à été confiée au spécialiste Thierry Depaulis, avant la vente.3 [3] Ce dernier a dénombré une trentaine de cartes des XVe et XVIe siècles, vendues isolément, ces vingt dernières années.

Alors qu’une superbe reine de denier des années 1520 avait atteint en 2005 chez Christie’s à Paris presque le centuple (280 800 €).4 [4]

La même somme environ fut atteinte par cette reine d’échecs en ivoire de morse du début XVe siècle, chez Sotheby’s :

Source : sothebys.com

 

Notes :

  1. STYLEGAR Frans-Arne, 2009,…und zeugen von einem stolzen Geslecht, (“…and testifies to a proud race of men.”), Exposition au Lista Museum (Vest-Agder) sur l’archéologue allemand Ernst Sprockhoff, et son travail à Lista pour l’Ahnenerbe durant la Seconde guerre mondiale. Pièces de jeu de Grønhaug (Voir sur Academia [5]). [ [6]]
  2. Comme ce Chariot d’atout de Ferrare acquis par le Musée français de la Carte à Jouer d’Issy-les-Moulineaux. DEPAULIS Thierry, 2010, Two fifteenth-century Italian cards, The Playing-Card, vol. 38, no. 4, apr.-June 2010, p. 264-270 [ [7]]
  3. Ce qui nous permet d’en avoir une trace et l’étude. DEPAULIS Thierry, 2010, op. cit. . Voir l’article et ces cartes sur Academia [8] [ [9]]
  4. Depaulis Thierry, 2010, op. cit., p. 264 [ [10]]
[11] [12]