Tablut


Last updated: mercredi 26 août 2015


Ce jeu est aussi commercialisé, à tort, sous le nom de gwezboell ou échecs celtes.

La règle ci-dessous tient compte des récentes retraductions de Linné par John C. Ashton (2007,2010), Nicolas Cartier (2011), Olli Salmi (2013) et Damian Walker (2014). En 2012, nous avions repris la traduction de Cartier pour notre article écrit avec Catherine Breyer « La famille du hnefatafl: semblables et différents » et la trouvions fondée. Nous avons donc testé depuis ces règles mieux équilibrées qui ne nécessitent plus d’équilibrer le jeu avec des ajouts comme la sortie par les coins, le ralentissement du déplacement du roi et la question du roi armé/désarmé (participation aux captures). Nous sommes heureux de voir que depuis, Olli Salmi et Damian Walker, chacun de leur côté, sont arrivés aux mêmes conclusions. Cela préfigure un nouveau standard dans la façon de jouer au tablut et une longue vie, nous l’espérons, à ce jeu passionnant.

Ces traductions et leur comparaison sont disponibles sur :

http://aagenielsen.dk/tablut_translations.html


For the rules for tablut in English, this is those of Damian Walker : http://tafl.cyningstan

Hnefatafl reconstitué d’après fouilles de Birka, Suède, Aisling-1198




 

Nombre de joueurs :             2



Matériel :

–         un plateau 9×9; la case centrale est le trône ;

–         un roi et 8 guerriers

–         16 attaquants


But du jeu :

 

Pour le camp du Roi : faire s’échapper le Roi en lui faisant atteindre un bord du plateau.

Pour les attaquants : capturer le Roi.


Règles :


Au départ, le Roi est au centre, entouré de sa garde ; les attaquants sont répartis sur les milieux des côtés du plateau. Les bases des attaquants ne servent qu’à placer ces pions en début de partie. Elles peuvent ensuite être occupées par les pièces des deux camps, comme les cases vides. Nous n’avons pas de précisions sur le camp qui commence. Nous proposons que les attaquants débutent car cette règle est appliquée dans les tournois modernes.


Toutes les pièces se déplacent comme une tour aux échecs

(horizontalement ou verticalement du nombre de cases qu’elle souhaite sans pouvoir sauter)


Une pièce est capturée lorsqu’elle est prise en pince par deux pièces ennemies.


Seul le Roi peut stationner sur, ou traverser, le trône. Après son départ, cette case devient hostile. Elle contribue alors aux prises comme un pion ennemi, quel que soit le camp.


Le Roi peut participer aux prises et être pris comme les autres pièces par 2 attaquants.1

Mais, s’il n’a pas encore quitté la case du trône, il doit être encadré par 4 pions ennemis, orthogonalement. Si un défenseur du roi empêche l’accès du 4ème ennemi et qu’il est pris en pince entre un pion adverse et le trône, il est capturé.

Enfin, si le roi est sur une case jouxtant celle du trône, c’est qu’il l’a quitté. Le trône est hostile et il ne faut donc plus que trois ennemis pour terminer l’encerclement.


Une pièce peut se mettre entre deux adversaires sans être prise.


Si le roi a une sortie possible au prochain tour, il doit annoncer « Raïchi », s’il en a deux, il doit annoncer « Tuicha ».

Lorsque la partie est finie, le vainqueur prend le camp des assiégés et la partie recommence.



Traces archéologiques :

  • plateau et pion de Trondheim, Norvège, première moitié du XIIe siècle, conservé à Trondheim2 (voir dans la base jocari.be);

  • roi en ambre trouvé à Fedet, Roholte, Danemark, X-XIe siècle, Musée National du Danemark, Copenhague3 (voir dans la base jocari.be);
  • roi en jais, de tablut ou d’échec, retrouvé dans le Suffolk4;
  • roi en ivoire de morse, H 4,6cm. Lund, Suède. XIème s. Conservé à Lund5;
  • pions en verre opaque, Gunnarshaug, Torvastad, Karmøy, Rogaland, Norvège. Env 800, conservés à Bergen6;
  • deux pions piriformes en ivoire de morse. H 2,2cm et 3cm ; Ø1,2 ; 2cm. Sandnes; Groënland. XIème s.7;
  • pions piriformes de York, ivoire de morse8;
  • pions comparables de Dublin, XIe s., ivoire de Morse, H 3 cm x L 3 cm et H 2,5 x L 3 cm9
  • pions en verre de Birka, Suède, tombes n°523 et 75010 (voir n°750 dans la base jocari.be);
  • pions en verre bleu à spirales et noires de Välsgarde,Uppsala, Suède11

 


Traces littéraires :

 

Bibliographie :

  • ASHTON John C., 2010, Linnaeus’ Game of Tablut ant its Relationship to the Ancient Viking Game Hnefatafl, The Heroic Age. A Journal of Early Medieval Northwestern Europe, 13, (voir sur Heroic Age, Memorial University, Canada), plus complet dans la dernière partie sur les conjectures.  (Communication de Catherine Breyer que nous remercions).
  • ASHTON John C., 2007, Linnaeus’ Game of Tablut ant its Relationship to the Ancient Viking Game Hnefatafl, 6 p. (pdf en ligne)
  • BREYER Catherine, JONQUAY Sylvestre, 2012, La famille du hnefatafl, Semblables et différents, Revue Histoire et images médiévales, Thématique n°28, Fév-avril 2012, pp. 16-24. (pdf) Voir les compléments.
  • BREYER Catherine, 2010, Histoire des jeux et jouets à travers les âges. Histoire et règles de jeux égyptiens, antiques et médiévaux, Editions Safran, p 162-181.
  • CARTIER Nicolas, 2012, Le tablut de Linnaeus, (pdf en ligne) Le site danois http://aagenielsen.dk permet de jouer ces règles.
  • Collectif, 2004, L’Europe des Vikings, catalogue d’exposition de l’abbaye de Daoulas, Ed Hoëbeke, p125.
  • HELMFRID Stem, 2000, Hnefatafl: the Strategic Board-Game of the Vikings, version 2 (voir en ligne)
  • LINNÉS Carl von, 1889, Iter Lapponicum, Carl von Linnés Ungdomsskrifter: Andra Serien. Stockholm: P. A. Norstedt & Söners Förlag, ed. Åhrling, pp 146-8. (Voir sur Internet archive)
  • Mc GREGOR Arthur, MAINMAN A. J., ROGERS N. S. H., 1999/2005, Craft, Industry and Everyday Life: Bone, Antler, Ivory and Horn from Anglo-Scandinavian an Medieval York, The Archaeology of York, The Small Finds (Vol17), fasc. 12, York Archaeological Trust
  • ROESDAHL E./MOHEN J.-P./DILLMANN F.-X., 1992, Les Vikings… Les Scandinaves et l’Europe 800-1200, Catalogue de l’exposition de Paris, Grand Palais 1992-1993, Paris,  Association Française d’Action Artistique.
  • SALMI Olli, 2013, Translation of Linnaeus’s rules for the Sámi game that he calls Tablut. (Voir en ligne) (Consulté le 25/08/2015)
  • SANVITO Alessandro, 2002, Das Rätsel des Kelten-Spiels, dans Board Game Studies 5, CNWS Publications, Netherlands, 2002,  pp 9-24
  • TOLKIEN Christopher, 1960, Saga Heidreks Konungs ins Vitra (The saga of king Heidrek the Wise), Thomas Nelson and Sons Ltd, 1960, (voir en ligne) (communication de Christel Franken que nous remercions)
  • WALKER Damian Gareth, 2014, A book of historic board games, Cyningstan, pp 165-188. (Voir son site).

 

Last updated: mercredi 26 août 2015


Fiche réalisée par l’association  Aisling-1198 ;


contact : aisling – neuf.fr

(remplacer le – par @)




Notes :

  1. Voir article de Nicolas Cartier []
  2. plateau possible de tablut ou de throwboard, gravé d’une marelle de l’autre côté, Trondheïm, Norvège. Env. 1100-1150, conservé au Vitenskapsmuseet, Trondheïm, Bois. Tablette : L :25,6cm ; l :37,5cm. Il reste un peu plus de la moitié de ce plateau en trois morceaux. Il possède un rebord riveté de 7 à 8 mm. La case centrale est marquée d’une double croix, 2 cases ennemies sont gravées au milieu de chaque côté. Aucune marque sur les demi-cases qui ne devaient donc pas servir de position de départ des attaquants. Ces demi-cases évoquent pour nous la continuité du quadrillage, au-delà du champ de bataille de 9×9  et la fuite du roi. Lorsque ces demi-cases sont atteintes, le roi est sorti et… vainqueur. Interpréter ces demi-cases en cases complètes conduit à un plateau de 11×11 comme celui du throwboard. Un pion piriforme a été retrouvé avec ce plateau H :3,3 ; Ø 3,7cm. Il est percé en dessous.

    Photo et descriptif dans Collectif, Les Vikings… Les Scandinaves et l’Europe 800-1200, Catalogue d’exposition de la 22ème exposition d’art du Conseil de l’Europe au Grand Palais, Association Française d’Action Artistique, 1992 []

  3. H : 4,7 cm ; l :3,3 cm ; Roholte, Seelande, Danemark. Conservé au Copenhague, Danmarks Nationalmuseum« Petite figurine d’homme (tronc). La tête est chauve, les oreilles, les yeux et la bouche sont indiqués. Le personnage tient une longue barbe dans ses deux mains. Deux trous ont été percés à l’arrière de la tête. Des représentations semblables d’hommes soutenant leur barbe sont connues dans plusieurs sites scandinaves, fabriquées dans d’autres matières (os de baleine, ivoire de morse, bronze. Une de ces figurines fait partie d’un jeu et celle exposée qui est en ambre, était sans doute une pièce de jeu. » Henriette Lyngstrøm, Danmarks Nationalmuseum, Copenhague, Photo dans BREYER Catherine, JONQUAY Sylvestre, La famille du hnefatafl, Semblables et différents, Revue Histoire et images médiévales, Thématique n°28, Fév-avril 2012, p 19 []
  4. Un autre pion en jais a été retrouvé à Bawdsey, Suffolk et est conservé au Ipswich Museum. Proceedings of the Suffolk Institute of Archeology, 32, p. 38-42. Communication personnelle de Mark Hall dont je le remercie. []
  5. Conservé au Kulturen, Lund. Photo dans Les Vikings… Les Scandinaves et l’Europe 800-1200, op. cit. []
  6. 11 pions en verre bleu clair, un pion bleu foncé dont le haut est marron avec une pointe jaune, 4 pions en verre jaune avec la pointe marron, trouvés dans une sépulture. H :1,7-2cm ; l. 1,8-2,5 cm. Pièces importées. Conservés au Historisk Museum Bergen, Photo dans BREYER Catherine, JONQUAY Sylvestre, La famille du hnefatafl, Semblables et différents, op. cit., p 19 []
  7. H 2,2cm et 3cm ; Ø1,2 ; 2cm. Sandnes (Kilaarsarfik) ; Ameralla, ensemble de ruines 64V2-III-511(V51), Groënland. Deux pions coniques, tournés, découverts en 1984, dans le dépotoir d’une maison construite en pierre et en tourbe, datée du XIIème s.. Danmarks Nationalmuseum, Copenhague. Photo dans BREYER Catherine, JONQUAY Sylvestre, La famille du hnefatafl, Semblables et différents, op. cit., p 23 []
  8. Pièces de jeu piriformes en ivoire de Morse tourné, les 2 ont un trou central profond dessous avec un fleuron sculpté et sont percées à la base pour recevoir une cheville, comparables à celles de Jarlshof, Shetland, trouvées dans une couche fin XII-début XIIIe. Photo dans BREYER Catherine, JONQUAY Sylvestre, La famille du hnefatafl, Semblables et différents, op. cit., p 23 et Mc GREGOR Arthur, MAINMAN A. J., ROGERS N. S. H., Craft, Industry and Everyday Life: Bone, Antler, Ivory and Horn from Anglo-Scandinavian an Medieval York, The Archaeology of York, The Small Finds (Vol17), fasc. 12, 1999/2005, York Archaeological Trust []
  9. « Ebauche d’une pièce de jeu conique, fendue à deux endroits, avec plusieurs traces de taille, les bordures de la base sont plates. La pièce de jeu finie est bien arrondie avec une base polie, des traces de polissage et une encoche. Une perforation est aménagée à la base des deux pièces, peut-être afin d’y fixer un rivet en métal pour une tablette de jeu avec trous » Debbie Caulfield, National Museum of Ireland, Dublin. Trouvés dans Fishamble street, Dublin (Irlande) et conservées au National Museum of Ireland, Dublin. Photo dans Les Vikings… Les Scandinaves et l’Europe 800-1200, op. cit. []
  10. tombe 523: 1 roi, 5 et 14 d’après Dr Page. Ces pions sont à l’origine de la reconstitution en photo en haut de cette fiche. Photo de l’original dans BREYER Catherine, JONQUAY Sylvestre, La famille du hnefatafl, Semblables et différents, op. cit., p 19. /tombe n°750, Suède, IXe siècle, 1 roi , 8 et 17 selon Dr Page : 25 pièces hémisphériques de diamètre moyen 25 à 27 mm. 17 sont en verre bleu-vert clair et 8 sont en verre opaque vert foncé. Hauteur du roi : 4 cm. Ce roi est en photo dans BREYER Catherine, JONQUAY Sylvestre, La famille du hnefatafl, Semblables et différents, op. cit., p 19. []
  11. Conservée au Museum Gustavanium, Musée de  l’Université d’Uppsala, Suède. Collectif, L’Europe des Vikings, catalogue d’exposition de l’abbaye de Daoulas, Ed Hoëbeke, 2004, p. 125 []
  12. voir les récentes retraductions de John C. Ashton et Nicolas Cartier. Les règles présentées ici sont basées sur leurs travaux et ont été réalisées en collaboration avec Catherine Breyer de la base Jocari.be
    ASHTON John C., Linnaeus’ Game of Tablut ant its Relationship to the Ancient Viking Game Hnefatafl, The Heroic Age. A Journal of Early Medieval Northwestern Europe, 13, 2010, (voir sur Heroic Age, Memorial University, Canada), plus complet dans la dernière partie sur les conjectures.ASHTON John C.,Linnaeus’ Game of Tablut ant its Relationship to the Ancient Viking Game Hnefatafl, 2007, 6 p. (pdf en ligne) CARTIER Nicolas, Le tablut de Linnaeus, 2011 (pdf en ligne) []

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