La marelle de 3


Voir le folio 93v du livre des Jeux d’Alphonse X.


ou « petite marelle » ou « marelle simple »

au XIIe s : « merelle » ou « tremerel »1

(anglais : three men’s morris; espagnol : alquerque de tres)




Schéma de marelle de 3








Nombre de joueurs : 2

 

 

Matériel :

 

–         un plateau ;

–         3 méreaux (pions) blancs et 3 noirs.

 

But du jeu :

 

Aligner 3 de ses pions sur un des tracés.

 

Règles :

 

Au départ, le plateau est vide.

 

1ère phase : Pose des pions (3 premiers coups)

Chaque joueur pose, à son tour, un de ses pions sur une intersection libre.

 

Plateau de marelle de 3, à télécharger

Plateau de marelle de 3, à télécharger

2ème phase : déplacement des pions (à partir du 4ème coup)

A son tour, chaque joueur peut déplacer un de ses méreaux d’une intersection en suivant une ligne.

 

Le premier qui aligne ses trois pions a gagné.



 

 

 

 


Traces archéologiques de jeux :

  • résidence aristocratique de Locronan, Finistère, IXe s., plaquette de schiste ardoisier d’en moyenne 8mm épannelée grossièrement, d’épaisseur, et de dimensions 10,8 x 7,3 cm (95 g). L’incision est réalisée à la pointe sèche car la largeur du trait maximale est de 0,5 mm. Une ébauche se trouve sur l’autre face.2
  • Cloîtres des abbayes anglaises de Westminster, Norwich, Canterbury, Gloucester, Salisbury. (MURRAY 1952:41)
  • marelle simple gravée sur une planche à pain recyclée, les intersections ont été percées pour insérer des chevilles ou poser des billes3, Hull museum (voir sur le site du Musée)
  • double carré intérieur d’un plateau de marelle à 9 de la cathédrale d’Ourense, Galice, XII-XIIIe s.4
  • une marelle simple horizontale et un carré avec médianes au centre d’une marelle de 9 horizontale sur un banc de pierre d’un lieu relié à l’attente, une ébauche, probablement de marelle simple, verticale, Château de Falaise, graffiti de la Salle des Gardes de la Tour Talbot. Tour construite en 1207.

Marelle à 3, Château Guillaume-le-Conquérant de Falaise

Marelle à 9 avec carré central, une autre marelle de 3 avec triangles est visible à droite dont nous reparlerons, Château Guillaume-le-Conquérant de Falaise

  • sanctuaire de Santa Mariña de Augas Santas (Allariz) à la base d’une colonne, dessin qui se retrouve sur le banc de pierre près du mur Sud, à l’intérieur.5
  • marelle simple et marelle triple sur une ardoise non perforée de la maison-forte de Sainte Geneviève à Inzinzac-Lochrist, Morbihan. 27 x 17,5 cm, XVe s.; (GUIGON 1994)
  • nombreux plateaux gravés sur banc de pierre du porche Sud de l’églide St Wilfred de Honington, Lincolnshire. (Photo ici et )6

Essai de situation de ces traces :

legende def marelle a 3

Autres traces archéologiques : symboliques…

 

  • plateau sur une pierre du toit du temple de Kurna, à Thèbes en Egypte (contexte copte, 300-600 ap. J.C.) (Van Mourik 2009:34-35). Le relevé 11, effectué pour Parker en 1909, a pu servir à ce type de jeu ou comme motif symbolique (Van Mourik 2007a:34).7
  • Le GERSAR a répertorié 67 marelles simples sur des roches de plein air réparties sur 53 sites dont :
    • roche de plein air dans la Vallée des Merveilles8
    • 44 marelles sur 34 sites à Lanslevillard en Haute-Maurienne, Savoie.9
  • Il a également recensé 106 marelles simples sur 74 sites de grottes ou abris sous roche dont 96 sur 66 abris du massif de Fontainebleau. « Ces derniers motifs sont placés dans deux cas sur trois, sur des parois plafonnantes, verticales ou obliques, ce qui exclut toute utilisation comme jeu; ces motifs sont donc symboliques. Leur âge est indéterminable , car il n’existe aucun contexte archéologique fiable. »10
  • 1 marelle simple associée à une triple sans diagonale et une triple avec les diagonales se rejoignant au centre sur le panneau latéral d’un sarcophage XIIe s. de l’église de Neuvy-Pailloux, Indre. Pour D. DUBANT, ce sont les tailleurs de pierre qui auraient décoré ce panneau latéral de tables de jeu.11
  • 35 églises dont 17 dans le Cher, recensées en 1994 contenant 44 graffitis de marelles simples. Philippe GUIGON note la difficulté de dater ces graffitis verticaux qui peuvent être très postérieurs à la construction de l’édifice. (GUIGON 1994:13)
  • marelle simple associée à une triple enceinte et d’autres motifs symboliques au-dessus de la porte du portail occidental de l’église San Fiz de Cangas, Lugo, Espagne, XI-XIIIe s. (voir sur Flickr)
  • marelle simple verticale au château de Bonaguil, Lot-et-Garonne; (GUIGON 1994)
  • marelle simple associée à deux marelles à 9, cellule du château de Loches, Indre et Loire12)
  • partie Nord de la cathédrale de Tui13
  • palimpseste de graffiti sur la tombe de Sir William Wodehouse, église de St-Mary, Hickling, Norfolk, XVIe s.14

 

 

 

 

Traces littéraires :

Tout d’abord, tremerel signifie autant les trois méreaux que les trois dés (Mehl 1990:97)

  • Miserere du Reclus de Molliens, XIIe s.

Viens tu juer au tremerel
A mort, ki ne mestrait merel?

  • Le Dit des Jeus d’Aventure, Mss. n°7218, f°260v15

Gens d’aventure,
Volentiers alez au bordel
Et ou l’en jue au tremerel
Et gaaigniez moult à envis
Pour ce estes vous trop chétis

 

  • Livre des échecs, dés et tables d’Alphonse X le Sage, 1283, San Lorenzo del Escorial, Ms. TI.6, f°93v (Voir sur games.rengeekcentral.com)
  • 1350-1370, Berinus, roman en prose,16 mentionne un tout jeune héros jouant aux dés :

« […] et quant il fu d’entendement, si apprit a jouer au hazart ne autre jeu ne lui plaisoit que le jeu des dez et de tremerel ; ce estoit toute sa joie et son déduit, n’a d’autre chose il n’entendait ne jour ne nuit ; et souvent en laissoit le boire et le manger pour jouer aux dez »




Etudes :

  • Le nom du jeu merele avant 1100 dérive de l’ancien nom merel, marel, « palet, jeton, pièce de monnaie », dont un dérivé est méreau.17


Voir nos liens concernant les jeux de mérelles



Notre bibliographie sur les marelles




Fiche réalisée par l’association  Aisling-1198 ;

contact : aisling – neuf.fr

(remplacer le – par @)




Notes :

  1. mais tremerel signifie autant les trois méreaux que les trois dés (Mehl 1990:97) []
  2. (GUIGON 1994:8-12) []
  3. comme pour les plateaux de jeux viking de Ballinderry et Waterford []
  4. Article de Jesús Manuel García, La Voz de Galicia, 05/05/2009, Proponen catalogar los juegos de tablero medievales de Galicia []
  5. Article de Jesús Manuel García, La Voz de Galicia, 05/05/2009, Proponen catalogar los juegos de tablero medievales de Galicia []
  6. Source :http://pub-games.blogspot.fr/2013_03_01_archive.html et https://www.flickr.com/photos/75976021@N00/8017351269/ consultées le 01/04/2017 []
  7. On le retrouve avec la datation erronée de Parker dans (MURRAY 1952:19;37-48) []
  8. Ch. WAGNEUR du GERSAR (Groupe d’Etudes, de Recherches et de Sauvegarde de l’Art Rupestre, créé en 1975 pour recenser les abris ornés de Fontainebleau) cité par GUIGON Philippe (C.N.R.S. de Rennes), La marelle de Locronan, Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, t. LXXI, 1994, p. 13 []
  9. ibid p.13 []
  10. Ch. WAGNEUR du GERSAR cité par GUIGON Philippe, La marelle de Locronan, Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, t. LXXI, 1994, p. 13 []
  11. D. DUBANT, L’église de Neuvy-Pailloux (Indre), dans Revue Archéologique du Centre de la France, 1991, t.30, p. 133 []
  12. RAMOND Serge, Un patrimoine culturel oublié: les graffiti, Revue archéologique de l’Oise n°23, 1981, pp.9-28 (Lire sur Persée []
  13. Article de Jesús Manuel García, La Voz de Galicia, 05/05/2009, Proponen catalogar los juegos de tablero medievales de Galicia []
  14. HALL Mark, Des jeux gravés dans la pierre. Graffiti des cathédrales, monastères et églises paroissiales en Grande Bretagne (The Permanence of Stone), Revue Histoire et images médiévales, Thématique n°28, Fév-avril 2012, Fig.6, p. 33 []
  15. Glossaire de la langue romane rédigé d’après les manuscrits de la Bibliothèque impériale, ROQUEFORT Jean-Baptiste-Bonaventure T.2, 1808, p. 649 []
  16. Berinus, éd. R. Bossuat, Paris, 1931, I, p. 15 dans MEHL Jean-Michel, Les jeux de l’enfance au Moyen Age, dans FOSSIER Robert (Dir.), La petite enfance dans l’Europe médiévale et moderne, Actes des XVIe Journées internationales d’Histoire de l’abbaye de Flaran, Presses Universitaires du Mirail, 1997, p52 []
  17. A. Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, 1992, éd Robert, t. II, p.1191 cité par GUIGON Philippe, La marelle de Locronan, Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, t. LXXI, 1994, p. 14 []

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