Les combinaisons




Au début, les armoiries permettaient d’identifier le fervestre dans un objectif guerrier (tournoi, champ de bataille, distribution de pouvoirs et de chartes…).


La carte d’identité du fervestre s’est très vite surchargée d’informations. Les seigneurs ont voulu y faire apparaître leur filiation à telle ou telle dynastie, leurs possessions territoriales ou leur charge professionnelle…


De hauts faits d’armes comme celui de Matthieu II de Montmorency1 qui ajoutera autant d’aigles qu’il a capturé de bannières à la bataille de Bouvines, ou le mariage2, sont autant de facteurs pouvant entraîner la modification d’armoiries. C’était souvent un moyen de faire valoir son ascension sociale.



Cette complexification des armoiries va engendrer la nécessité de compulser plusieurs blasons en un seul champ car deux ou plusieurs écus accolés peuvent certes tenir en tête et pied de page d’un manuscrit ou sur un rôle d’armes, en revanche sur un sceau, l’espace sigillaire est beaucoup trop restreint pour y faire figurer deux blasons accolés.


Néanmoins, il existe quelques exemples de seigneurs qui, sur leur sceau, ont utilisé les deux espaces de l’écu et de la housse du cheval pour arborer deux blasons complémentaires. Ainsi Robert III, comte de Dreux, qui porte en 1225 un échiqueté avec une bordure sur son écu et un quadrupède avec une barre sur la housse du cheval.3






Voici les sept façons de combiner deux blasons :



Les quatre premières fusionnent les blasons sans transformer la teneur de leurs armes :


  • la méthode la plus simple pour combiner deux armoiries : c’est de placer les deux blasons l’un à côté de l’autre sans modifier le champ, en prenant garde de disposer le blason du rang le plus élevé à dextre4. Les épouses usent souvent de cette disposition en faisant figurer les armes de leur mari à côté des leurs.

  • on peut, et c’est le pendant de la méthode précédente, mi partir dans un même écu les deux armoiries. Dans le sens horizontal, on appelle cela un coupé et dans le sens vertical, on appelle cela un parti. Comme précédemment, les armoiries les plus importantes à dextre, les autres à senestre.

  • on divise l’écu en quatre quartiers égaux. Les armoiries les plus importantes occuperont les quartiers 1 et 4, les armoiries secondaires auront les quartiers 2 et 3. On peut aussi rencontrer des écartelés possédant 4 quartiers différents. On en trouve les premiers usages en Espagne au milieu du XIIIème siècle, Ferdinand III, roi de Castille en 1217 et de Léon en 1230, combinera ses deux blasons dans un seul écu : il choisira l’écartelure.

  • enfin, il est possible de faire apparaître les secondes armoiries dans un écusson placé généralement, « en cœur », au centre du premier écu.

Les trois suivantes sont plus difficiles de lecture :


  • on assemble la moitié dextre d’un écu et la moitié senestre d’un second, comme toujours les armes les plus honorables à dextre. Le problème dans ce système réside dans la compréhension finale de l’ensemble et dans les libertés que pouvaient prendre les hérauts ou copistes. Prenez par exemple comme blason principal « de gueules à deux léopards  contournés d’or » et comme blason secondaire « de sable à un loup d’argent », vous obtenez un parti de gueules et de sable aux deux postérieurs de léopards d’or et au postérieur de loup d’argent d’autre part. Cela devient « sans queue ni tête »… La liberté du héraut lui permet, pour une meilleure compréhension des armoiries, de faire apparaître la tête plutôt que la queue.5

  • on peut aussi mélanger une moitié d’écu dextre ou senestre avec l’intégralité de l’autre blason. Cette méthode cumule les désavantages et complique davantage la lisibilité du blason ainsi obtenu.

  • dernière possibilité, prendre le champ de l’un des deux blasons et y disposer les figures principales des deux blasons concernés. Cette solution fut très peu utilisée.

 




 

Le parti et l’écartelé semblent être les modes de combinaison les plus usités au Moyen Âge. Après le XVème siècle, la contre-écartelure fait de plus en plus son apparition dans l’héraldique et complique considérablement le blasonnement qui devient parallèlement de plus en plus hermétique et de moins en moins utilisé sur les champs de batailles.


 

La transmission des armoiries et leur place dans le blason du descendant dépendent de leurs importances et plus précisément de l’importance du fief qu’elles représentent. Il n’y a pas de règle dictant que les armes du père se placent à droite et celle de la mère à gauche. Nous insistons en précisant que c’est le fief le plus important ou la charge la plus importante qui est mis à l’honneur, que ce soit le fief de la mère ou celui du père.


 

Parfois, c’est pour faire valoir ses prétentions sur un trône. C’est le cas d’Edouard III, roi d’Angleterre, pendant la guerre de Cent Ans, qui prend le titre de roi de France et écartèle de France et d’Angleterre en donnant préséance en 1,4 aux armes de France. Le trône d’Angleterre lui est acquis voilà pourquoi ses armes passent en rang secondaire 2,3




Blanche


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(remplacer le – par @)



Notes:

  1. initialement, « d’or à la croix d’azur cantonnée de 4 aigles de même ». Le roi de France Philippe Auguste, reconnaissant, l’autorisera à porter ensuite  « d’or à la croix d’azur cantonnée de 16 alérions (petits aigles) de même ».

    []

  2. Marguerite de France, seconde femme du roi d’Angleterre Edouard Ier, morte en 1378, sœur de Philippe IV le Bel, roi de France, portait en 1299, un écu « parti d’Angleterre et de France ». []
  3. Traité d’héraldique, Michel PASTOUREAU, Grands manuels Picard, 1997, p 174 []
  4. La situation sur un blason est toujours décrite vue du porteur de l’écu. La dextre (droite) est donc à votre senestre (gauche) []
  5. dans le nécrologe du monastère franciscain de Sainte Anne à Munich., contrairement à l’usage, les armes d’Anne de Brunswick (… 1474) sont mises à l’honneur en étant placée à senestre, place normalement réservée aux armoiries de l’époux, en l’occurrence Albert III de Bavière. Par courtoisie, ses deux léopards sont contournés pour regarder les armes de son mari. []

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